Quatrains

Six quatrains. C. Michaux
Les quatrains du Khéyam, traduits du Persan. In: L’Investigateur, Tome IX – IVe série, 1869, p. 27-30

I
Par le simoun qui va blanchissant le ehemin,
Mes jours sont balayés et volent en poussière
Pourtant il en est deux qui ne m’importent guère;
Ce sont le jour d’hier et le jour de demain.

II
O toi qui, dans mon corps, as fixé ton asile,
Pauvre âme! condamnée à maint et maint tourment,
Dis-moi pourquoi tu pris ma chair pour logement,
Puisque tu dois un jour quitter ton domicile.

III
Avant nous, que de jours ont brillé sur la terre!
Que d’astres dans la nuit ont perdu leur clarté!
Prends garde ton pied fôule, en broyant la poussière,
La prunelle des yeux d’une jeune beauté.

IV
Le potier brise-t-il l’ouvrage de ses mains?
Après que tant d’amour créa, pour nous séduire,
Ces êtres enchanteurs, délices des humains,
Quelle haine vient les détruire?

V
Pour le premier pécheur tu fus inexorable,
Grand Dieu tu le chassas de ton beau paradis.
Qu’importait ton pardon, tant qu’il te fut soumis?
Il n’en avait besoin que lorsqu’il fut coupable.

VI
Un rossignol, ivre d’amour,
Vint Un jour se poser sur ma coupe vermeille,
Et m’offrant une rose, il me dit à l’oreille
Souviens-toi que le Temps s’envole sans retour.

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